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Franzen, Jonathan Les Corrections ISBN 13 : 9782879292960

Les Corrections - Couverture souple

 
9782879292960: Les Corrections
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716pages. in8. broché jaquette. Et si les enfants ne naissaient que pour corriger les erreurs de leurs parents ? Nos vies familiales ressembleraient alors à des copies surchargées de ratures et de remarques -«faux», «mal dit», «à revoir» -et ponctuées de points d'exclamation ou d'interrogation. Dans le livre de Jonathan Franzen, la famille s'appelle Lambert, mais c'est de l'Amérique qu'il s'agit, de sa manière de vivre, de ses idéaux: un continent entier en train de sombrer doucement dans la folie. Alfred, Enid, et leurs trois enfants -Gary, Chip et Denise -sont les cinq héros de ce roman-fleuve où défilent toutes nos contradictions: le besoin d'aimer et la guerre conjugale, le sens de la justice et l'obsession des stock-options, le goût du bonheur et l'abus des médicaments, le patriarcat et la révolte des fils, la libération des femmes et la culpabilité de tous. C'est cela, Les Corrections: une «tragédie américaine» dont la puissance balaye tout sur son passage. Mais aussi une ccmédie irrésistible, un humour qui s'autorise à rire de tout, une férocité sans limites. Et le sens aigu de notre appartenance à la ccmmunauté humaine.

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Extrait :

La folie d’un front froid balayant la Prairie en automne. On le sentait : quelque chose de terrible allait se produire. Le soleil bas sur l’horizon, une lumière voilée, une étoile fatiguée. Rafale sur rafale de dislocation. Bruissements d’arbres, températures en baisse, toute la religion septentrionale des choses touchant à son terme. Nul enfant dans les cours ici. Ombres et lumières sur le zoysia jaunissant. Chênes rouvres, chênes des teinturiers et chênes blancs des marais faisaient pleuvoir des glands sur des maisons libres d’hypothèque. Des doubles fenêtres vibraient devant des chambres vides. Et le bourdonnement et les hoquets d’un sèche-linge, l’assertion nasillarde d’un souffleur à feuilles mortes, le pourrissement de pommes du jardin dans un sac en papier, les relents du gasoil avec lequel Alfred Lambert avait nettoyé le pinceau après avoir repeint la causeuse en osier dans la matinée.

Trois heures de l’après-midi était un passage dangereux dans ces banlieues gérontocratiques de Saint Jude. Alfred s’était réveillé dans le grand fauteuil bleu où il somnolait depuis le déjeuner. Il avait fait sa sieste, et il n’y aurait pas d’informations locales avant cinq heures. Deux heures creuses étaient une espèce de sinus sujet aux infections. Il se leva avec effort et se planta devant la table de ping-pong, essayant en vain de capter un signe de vie d’Enid.

Une alarme résonnait à travers la maison, que seuls Alfred et Enid entendaient distinctement. C’était l’alarme de l’angoisse. Elle était pareille à l’une de ces grandes calottes métalliques avec un battant électrique qui expédient les enfants dans la rue lors des exercices d’évacuation. Elle sonnait depuis tant d’heures à présent que les Lambert ne percevaient plus le message « sonnerie d’alarme » mais, comme avec tout son qui se poursuit si longtemps qu’on a le loisir d’apprendre à en discerner les composantes (comme avec un mot qu’on fixe jusqu’à ce qu’il se décompose en une chaîne de lettres muettes), ils entendaient le martèlement rapide d’un battant contre un résonateur métallique, non pas un son pur, mais une suite granuleuse de percussions, un lugubre ressac d’harmoniques ; sonnant depuis tant de jours qu’elle se fondait simplement dans le décor, hormis à certaines heures du petit matin, quand l’un ou l’autre se réveillait en nage et se rendait compte qu’une sonnerie retentissait dans sa tête depuis aussi longtemps qu’il se souvenait ; sonnant depuis tant de mois que le son avait cédé la place à une sorte de métason dont le flux et le reflux n’étaient pas la pulsation des ondes de compression, mais le va-et-vient bien plus lent de leur conscience du son. Laquelle était particulièrement aiguë quand le temps était lui-même d’humeur anxieuse. Alors Enid et Alfred – elle à genoux dans la salle à manger, ouvrant des tiroirs, lui, au sous-sol, inspectant le désastre de la table de ping-pong –, l’un comme l’autre se sentaient près d’exploser d’angoisse.

L’angoisse des bons de réduction, dans un tiroir contenant des bougies fantaisie aux couleurs automnales. Les bons de réduction étaient réunis en une liasse, serrés par un élastique, et Enid constatait que leur date d’expiration (souvent crânement cerclée de rouge par le fabricant) était passée depuis des mois ou même des années : que cette centaine de bons, dont la valeur faciale dépassait les soixante dollars (et potentiellement les cent vingt dollars au supermarché de Chiltsville, qui doublait la réduction), ne valait plus rien. Vigor, moins soixante cents. Efferalgan, moins un dollar. Les dates n’étaient même pas proches. Les dates étaient historiques. La sonnerie d’alarme retentissait depuis des années.

Elle repoussa les bons de réduction au milieu des bougies et ferma le tiroir. Elle cherchait une lettre qui était arrivée en recommandé quelques jours plus tôt. Alfred avait entendu le facteur frapper à la porte et avait crié : « Enid ! Enid ! », si fort qu’il ne l’avait pas entendue répondre : « Al, j’y vais ! » Il avait continué à lancer son nom en se rapprochant de plus en plus et, comme l’expéditeur de la lettre était Axon Corp., 24 East Industrial Serpentine, Schwenksville, Pennsylvanie, et comme il y avait certains aspects de la question Axon que connaissait Enid et dont elle espérait qu’Alfred les ignorait, elle avait rapidement fourré la lettre quelque part, à moins de quinze pas de la porte d’entrée. Alfred avait surgi de la cave en mugissant comme un engin de terrassement : « Il y a quelqu’un à la porte ! » Elle avait loyalement crié : « Le facteur ! Le facteur ! », et il avait secoué la tête devant la complexité de tout ça.

Enid était certaine qu’elle aurait les idées plus claires si seulement elle ne devait pas se demander toutes les cinq minutes ce que fricotait Alfred. Mais, elle avait beau essayer, elle n’arrivait pas à l’intéresser à la vie. Quand elle l’encourageait à reprendre ses expériences de métallurgie, il la regardait comme si elle était devenue folle. Quand elle lui demandait s’il n’y avait pas de travail à faire dans le jardin, il disait avoir mal aux jambes. Quand elle lui rappelait que les maris de ses amies avaient tous des hobbies (Dave Schumpert et ses vitraux, Kirby Root et ses complexes chalets miniatures pour nicher des pinsons, Chuck Meisner et le suivi heure par heure de son portefeuille boursier), Alfred se comportait comme si elle essayait de le détourner de quelque grand œuvre. Et quel était cet ouvrage ? Repeindre le mobilier de jardin ? Il repeignait la causeuse depuis le début du mois de septembre. Elle avait le souvenir que la dernière fois qu’il avait repeint le mobilier il avait fini la causeuse en deux heures. Mais il descendait à son atelier matin après matin, et quand, au bout d’un mois, elle s’y aventura pour voir ce qu’il faisait, elle découvrit que tout ce qu’il avait peint de la causeuse, c’étaient les pieds.

Il semblait désirer qu’elle s’en aille. Il dit que le pinceau avait séché, que cela prenait tant de temps. Il dit que décaper de l’osier, c’était comme d’essayer de peler une myrtille. Il dit qu’il y avait des grillons. Elle sentit sa gorge se serrer alors, mais peut-être n’était-ce que l’odeur d’essence et l’humidité de l’atelier qui avait des relents d’urine (mais ce ne pouvait être de l’urine). Elle remonta précipitamment à la recherche de la lettre d’Axon.

Six jours par semaine, plusieurs kilos de courrier entraient par la fente de la porte d’entrée, et, comme rien d’accessoire n’avait le droit de s’accumuler au bas des escaliers – comme la fiction de la vie dans cette maison était que personne n’y vivait –, Enid faisait face à un défi tactique majeur. Elle ne se voyait pas comme une guérillera, mais tel était exactement ce qu’elle était. De jour, elle transportait du matériel d’une cache à l’autre, en n’ayant souvent qu’un seul temps d’avance sur l’autorité établie. De nuit, sous une applique charmante mais trop faible, à la table trop petite du coin du petit déjeuner, elle menait diverses opérations : réglait des factures, cochait des relevés de compte, tentait de déchiffrer des décomptes de prestations de Medicare et de comprendre quelque chose à un menaçant troisième avertissement d’un labo d’analyses qui exigeait le paiement immédiat de 0,22 dollar tout en affichant un solde reporté de 0,00 dollar, signifiant ainsi qu’elle ne devait rien, et n’indiquant en outre aucune adresse pour un règlement. Le premier et le deuxième avertissement devaient être enfouis quelque part, mais, du fait des contraintes sous lesquelles Enid livrait sa bataille, elle n’avait que l’idée la plus vague de l’endroit où ces avertissements pouvaient se trouver un soir donné.

Amazon.fr :
La famille Lambert est une famille comme les autres, c'est-à-dire unique. Contradictoire, en guerre perpétuelle, dévorée par sa propre histoire, par ses conflits passés et à venir, ses silences. Derrière les visages, les cerveaux abritent des choses que, désespérément, on tente de cacher : Alfred, le père, derrière un caractère de fer dissimule l'impossibilité d'exprimer ses sentiments, tout comme ses désirs les plus profonds. Enid, sa femme, derrière sa soif inextinguible de moralité, tente d'affirmer sa personnalité... et sa libération. Gary, le banquier, le fils modèle est dévoré par la certitude paranoïaque du mensonge et de la trahison, du besoin de richesse. Chip, l'intellectuel, à la poursuite d'une gloire littéraire et de ses contradictions politiques, et Denise, en quête d'un amour véritable et de cette liberté qui la révélera à elle-même, complètent le tableau. Au travers d'une histoire aux multiples rebondissements, haletante, tout ce petit monde va s'aimer, se déchirer et tenter d'approcher de la vérité : quel visage pour l'Amérique ? Et quelle place pour les vivants en quête de bonheur, parmi les multiples névroses que ce monde s'efforce d'engendrer ?
Jonathan Franzen va vous surprendre : d'abord parce que son roman voyage de la gravité de vies en plein chaos à l'hilarité d'un absurde pourtant vraisemblable. Ensuite, parce qu'avec cette saga familiale haute en couleur, il touche au cœur, tantôt par une simplicité d'écriture bouleversante, tantôt par la virtuosité de formules qui marquent les esprits. Enfin, parce que sans en avoir l'air, il préserve son lecteur de la complexité que l'on ressent parfois à comprendre une œuvre brillante, intelligente et nouvelle : un chef-d'œuvre. --Hector Chavez

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  • ÉditeurEditions de l'Olivier
  • Date d'édition2002
  • ISBN 10 2879292964
  • ISBN 13 9782879292960
  • ReliureBroché
  • Nombre de pages715
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Franzen, Jonathan
Edité par OLIVIER (2002)
ISBN 10 : 2879292964 ISBN 13 : 9782879292960
Neuf Couverture souple Quantité disponible : 1
Vendeur :
STUDIO-LIVRES
(Le Pré Saint Gervais, France)
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